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INÈS

Notes d’introduction:« En choisissant de parler du harcèlement de rue, en tant que jeune femme de 26 ans et créatrice demode, j’ai souhaité contribuer à travers cette action, à sensibiliser les autres à ce problème et àencourager la prise de conscience et d'action. Nous devons reconnaître que le harcèlement de rue n'estpas une simple nuisance, mais une forme de violence qui affecte profondément la vie des femmes àtout âge. C’est un fléau intergénérationnel. En partageant mon expérience et en ajoutant ma voix àcelles qui ont participé à cette belle action - mise en place par l’AVIP Monaco durant la Monte CarloFashion Week- qui réclament le changement et la sensibilisation générale, j’espère que La Barbie dedemain représente non seulement la beauté extérieure, mais aussi la force intérieure, la résilience et laliberté. Ensemble, nous pouvons façonner un avenir où chaque femme peut être la meilleure version d'elle-même, sans peur ni compromis.Ensemble, nous pouvons transformer cette vision en réalité, où chaque femme peut marcher dans les ruesavec fierté, sans craindre le regard ou les mots des autres et surtout : sans se sentir en alerte ou en dangerlorsqu’elle décide de sortir de chez elle, ou bien de prendre les transports publics. Dans ce monde, le pouvoirde la mode ne sera pas seulement de créer des looks éblouissants, mais aussi de célébrer la diversité, depromouvoir l'autonomisation et de défier les normes sociales oppressives, à travers le choix du vêtement. »

« Mes Barbies : une voix contre le harcèlement de rue"

Pour ses Barbies, j’ai choisi la thématique du harcèlement de rue, comme violence faites aux
femmes. Elles servent de métaphore pour exprimer les défis auxquels les femmes sont
confrontées lorsqu'elles évoluent dans le monde, influencées par le harcèlement de rue et les
attentes sociales qui les contraignent à adapter leur tenue en fonction de leur environnement
afin de "prévenir" le harcèlement de rue.
D'un côté, la Barbie qui brille de sa propre lumière, une femme leader qui vole de ses propres
ailes, incarne la confiance en soi et l'authenticité. Elle refuse de se plier aux normes restrictives

de la société et arbore fièrement sa personnalité et son style. Cette Barbie représente la
femme qui refuse de laisser le harcèlement de rue dicter ses choix et son comportement. Elle
brille de mille feux , elle porte un short, des talons, et elle marche dans la rue avec assurance,
sans craindre les regards désapprobateurs ou les commentaires déplacés.
D'un autre côté, la Barbie en jogging oversize et en baskets, elle met sa capuche car elle veut
passer inaperçue. Elle symbolise la femme qui se sent contrainte de modifier son apparence,
se néglige délibérément, souhaite se « fondre » entre les murs et les couloirs pour ne pas
attirer l’attention, et adapte sa tenue selon l’environnement ou elle doit se rendre pour se
protéger du harcèlement de rue. Son choix de vêtements amples et pratiques est une réponse
à la peur constante d'être l'objet de regards insistant ou de commentaires offensants. Cette
Barbie reflète la réalité pour de nombreuses femmes qui ressentent le besoin de camoufler
leur féminité pour se sentir en sécurité dans l'espace public.

Le lien entre ces deux Barbies est profondément significatif. Il illustre la dualité que beaucoup
de femmes ressentent, partagées entre le désir de s'exprimer librement, de voler de leurs
propres ailes et d’assumer librement leur unicité étincelante mais aussi la nécessité de se
protéger des agressions potentielles et de se faire le plus discrète possible.

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Il pose également la question poignante de ce que ces femmes pourraient devenir si ellesn'étaient pas entravées par la crainte du harcèlement de rue. Si elles pouvaient embrasserpleinement leur individualité et leur féminité sans craindre le jugement ou la violence, d’êtreune femme leader pleinement assumée, quelles merveilles pourraient-elles accomplir ?Le rôle du vêtement dans cette création en tant que créatrice de mode est crucial. Il soulignele pouvoir des vêtements comme moyen d'expression et de protection. Les choixvestimentaires des femmes ne devraient pas être dictés par la peur, mais par leur désir de sesentir bien dans leur peau et de refléter leur identité unique. Librement.En fin de compte, que ce soit par la Barbie qui brille de sa propre lumière ou celle qui choisitdes vêtements « pratiques », chaque femme mérite de se sentir en sécurité et libre d'êtreelle-même dans l'espace public.En regardant vers l'avenir, nous pouvons aspirer à un monde où le harcèlement de rue n'a passa place, où les femmes peuvent marcher dans les rues sans craindre d'être intimidées ouagressées mais aussi libérer la parole.Nous avons tous un rôle à jouer dans la création de cet avenir. Nous pouvons travaillerensemble pour éduquer, sensibiliser et promouvoir le respect et l'égalité des genres. Nouspouvons concevoir des espaces publics sûrs et inclusifs où chacun, quel que soit son genre, peut s'épanouir librement.

Jusqu’à 85 % des femmes ont été victimes de harcèlement de rue au moins une fois dans leur vie.

 

Dans les rues animées des villes, un fléau rampant sévit silencieusement, étouffant la liberté et la dignité des femmes. Le harcèlement de rue, cette insidieuse forme de violence, sème la peur et la frustration à chaque coin de rue. Des chiffres impitoyables éclairent l'ampleur du problème : selon une enquête récente, 85% des femmes ont été victimes de harcèlement de rue au moins une fois dans leur vie, et près d'un tiers subissent cette épreuve de manière régulière.Ce fléau ne connaît pas de frontières. Qu'il s'agisse de tenues modestes ou osées, d'un quartier résidentiel ou d'un centre-ville bondé, aucune femme n'est à l'abri. Nombreuses sont celles qui se sentent obligées d'adapter leur habillement, de planifier leurs itinéraires et de choisir méticuleusement leurs moyens de transport pour éviter ces situations. L'angoisse de marcher seule dans les rues obscurcies par le crépuscule devient une réalité quotidienne, et les transports en commun se transforment parfois en terrains minés où l'intimidation et le harcèlement attendent à chaque arrêt.

Plongeons plus profondément dans l'impact psychologique dévastateur que le harcèlement de rue a sur les femmes....

Imaginez une jeune femme marchant dans la rue, son esprit rempli de pensées et de projets.Soudain, un sifflement déplacé perce le bruit de fond de la ville. Elle se raidit instantanément,son cœur battant la chamade. Elle serre son sac un peu plus fort contre elle et accélère le pas,essayant de paraître sûre d'elle malgré le nœud d'angoisse qui se forme dans son estomac. Cesimple incident, cette intrusion dans son espace personnel, laisse des marques invisibles maisprofondes.Les victimes de harcèlement de rue ne se limitent pas à un seul profil. Elles sont jeunes, âgées,célibataires, mariées, étudiantes, professionnelles. Le harcèlement de rue ne discrimine pas ;il frappe sans discernement, déchirant le tissu social et creusant des fossés de peur et deméfiance entre les genres. En Europe, toutes les cinq secondes, dix femmes sont victimesd'agression sexuelle. Ce chiffre glaçant met en lumière l'ampleur du problème et l'urgence deprendre des mesures pour protéger les femmes dans l'espace public.Cette limitation de leur liberté individuelle constitue une violation fondamentale deleurs droits et renforce le sentiment d'injustice et d'inégalité qui accompagne leharcèlement de rue.

En effet, sur le plan émotionnel, le harcèlement de rue peut avoir des répercussions profondes.

Certaines femmes ressentent de la frustration et de l'impuissance face à l'incapacité des autorités à réprimer efficacement ce phénomène. D'autres éprouvent de la détresse psychologique, souffrant d'anxiété, de dépression ou de stress post-traumatique suite à des incidents graves de harcèlement ou d'agression. Pour de nombreuses femmes, le harcèlement de rue crée un sentiment d'insécurité omniprésent. Chaque sortie devient une bataille contre l'incertitude et la peur. Elles développent des stratégies de survie, évitant les rues peu éclairées, les quartiers réputés dangereux, les transports en commun bondés. Mais même ces précautions ne suffisent pastoujours à apaiser la tension constante qui les habite lorsqu'elles se déplacent dans l'espace public. L'impact psychologique de cette violence sournoise est dévastateur. Chaque sifflement, chaque commentaire dégradant, chaque geste obscène laisse des cicatrices invisibles sur l'estime de soi et l'équilibre mental des victimes. Elles se sentent diminuées, vulnérables, et parfois même coupables, comme si leur simple présence dans l'espace public justifiait de tels comportements. Les conséquences s'étendent au-delà des rues et des transports en commun, affectant la confiance en soi, la santé mentale et les relations sociales des femmes.Le harcèlement de rue mine également l'estime de soi des femmes. Les commentaires dégradants, les regards lubriques, les gestes obscènes leur rappellent sans cesse qu'elles sont réduites à leur apparence, que leur présence dans l'espace public est conditionnelle et soumise au jugement et à l'approbation des hommes. Elles se sentent exposées ,vulnérables, et cette constante objectification peut engendrer des sentiments de honte, de colère et même de dégoût envers leur propre corpsEn somme, le harcèlement de rue ne se contente pas de perturber le quotidien des femmes ;il laisse des cicatrices profondes sur leur psyché, altérant leur perception d'elles-mêmes, leur confiance en autrui et leur capacité à se sentir en sécurité dans le monde qui les entoure.Ces séquelles psychologiques peuvent perdurer pendant des années, affectant la qualité de vie et les relations personnelles des victimes.

Un vrai dilemme face au harcèlement de rue, la question de réagir ou ne pas réagir est un dilemme complexe. Ne pas réagir peut sembler plus sûr, mais cela peut aussi contribuer à normaliser le comportement prédateur et à perpétuer le cycle de violence. Réagir, en revanche, comporte des risques réels, car cela peut entraîner une escalade de la situation ou même une agression physique.Derrière le harcèlement de rue se cache souvent la menace implicite d'une agression plus grave : l'enlèvement, le viol, voire pire. C'est une réalité alarmante qui touche toutes les femmes, et la peur de ces conséquences terrifiantes pèse lourdement sur leur esprit à chaque interaction dans l'espace public.C'est une sensation oppressante que de sentir qu'une personne en face de vous se croit tout permis simplement parce que vous êtes une femme.Il est crucial de reconnaître que le harcèlement de rue n'est pas anodin. C'est une forme insidieuse de violence qui viole l'intégrité des femmes et nuit à leur bien-être mental et physique.Pourtant, malgré ces réalités sombres, un élan de résilience et de solidarité émerge parmi les femmes. Des mouvements de sensibilisation, tels que cette exposition de Barbies, dénoncent les multiples violences faites aux femmes, tandis que des initiatives de lutte contre le harcèlement de rue se multiplient, cherchant à éduquer, à responsabiliser et à libérer la parole, tout en créant des espaces publics sûrs et inclusifs pour tous.En unissant leurs voix et en partageant leurs expériences, les femmes bravent le silence et revendiquent leur droit fondamental à une existence sans peur ni oppression dans les rues qu'elles arpentent chaque jour.Cet objectif mérite d'être poursuivi pour garantir la sécurité et la dignité de toutes les femmes.

 

 

 

Inès Bensalah, Monaco, Avril 2024.

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